Législatives 2023 au Bénin - BV

Législatives 2023 au Bénin: Un scrutin aux grands enjeux politiques

Au Bénin, environ 6,6 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes ce dimanche pour élire les 109 députés dont 24 femmes dans le cadre des législatives de 2023. Au total 8 000 bureaux de vote ont été ouverts sur l’ensemble du territoire national.

Le vote s’est déroulé dans le calme. Les yeux sont tournés maintenant vers les autorités électorales pour connaitre le taux de participations. Et plus tard, les résultats attendus courant la semaine du 9 janvier 2023.

Un premier scrutin ouvert sous Patrice Talon

C’est le premier scrutin vraiment ouvert que le Bénin connait depuis l’arrivée du Président Patrice Talon au Pouvoir en 2016. Puisque dès son arrivée au pouvoir, au nom du développement économique qu’il ambitionne pour le pays, il a engagé le pays dans plusieurs réformes, dont celles politiques très contestées par l’opposition.

Avec ces réformes, seulement deux formations politiques avaient été autorisées à participer aux législatives de 2019. Elles étaient toutes de la de la mouvance présidentielle. Ce qui a ouvert à Patrice Talon, un boulevard pour asseoir tranquillement sa politique au sommet de l’état.

« En 2019, les opposants n’étaient pas à l’assemblée nationale. Ce qui a facilité une révision de la constitution  qui a permis d’instituer le système de parrainage (nécessaire avant d’être candidat à la présidentielle, ndlr). Un élément qui a permis par la suite d’empêcher des candidats de l’opposition d’être présents aux élections présidentielles de 2021. Le Président Talon a donc été réélu. On peut déduire justement qu’il y a eu de la part du Président Talon, une stratégie d’écarter l’opposition ». A commenté sur TV monde ce 08 décembre 2023, Expédit Ologou politologue béninois et président de l’ONG « Civic Academy for Africa’s Future »

Pour la petite histoire, le nouveau code électoral adopté en novembre 2019 par l’assemblée dispose que tout candidat à l’élection présidentielle doit avoir désormais le parrainage d’au moins 10 % des élus  (maires et députés) au nombre de 160, soit 77 maires et 83 députés. C’est à dire que chaque candidat devra rassembler au moins 16 parrainages. L’idée est soutenue sous le prétexte de lutter contre la pléthore de candidatures à la Présidentielle. Mais surtout de limiter le nombre des candidats à 10 au plus.

Une nouvelle configuration de l’assemblée attendue

Ainsi donc, pour ces législatives 2023 au Bénin, 7 partis ont été autorisés à y participer. Parmi eux, 3 se réclament de l’opposition. Et sur les trois, il y a « Les Démocrates », considéré dans l’opinion béninoise comme le plus critique vis-à-vis du pouvoir.

Il s’agit d’un parti créé par l’ex Président Thomas Yayi Boni, et dont la Présidente et candidate recalée à la présidentielle de 2021 pour faute de parrainage, Réckya Madougou est en prison depuis lors, accusée par le pouvoir en place de vouloir déstabiliser le pays. Elle a été condamnée par la justice béninoise à  20 ans de prison le samedi 11 décembre 2021 pour « financement du terrorisme ».

C’est dire qu’une nouvelle configuration de l’assemblée nationale béninoise est vraiment attendue dans les jours à venir. Ce qui pourrait changer tout, sur la manière de gouverner le Bénin par le Président Talon.

D ‘après le nouveau code électoral béninois, au moins 24 femmes députés doivent être élues. Soit une au moins par circonscription électorale. Et c’est d’abord les partis politiques qui sont élus. C’est à dire qu’il faudra s’attendre à ce niveau déjà, à une première sélection entre les 7 partis en lice.

Le code électoral béninois prévoit que « seuls les partis ayant recueilli plus de 10% des suffrages se répartiront les 109 sièges », selon un système proportionnel.

La stratégie politique du Président patrice Talon qui jusque là, a consisté à écarter l’opposition va-t-elle pouvoir se poursuivre ?

Non. « Les choses peuvent se passer différemment », d’après Expédit Ologou le politologue béninois.

D’après lui, la présence de l’opposition à cette élection, peut tout changer.

Une possible nouvelle modification de la constitution

Expédit Ologou explique à ce sujet, que si les résultats sont en faveur de la mouvance présidentielle, il n’est pas exclu qu’elle tente une nouvelle modification constitutionnelle pour offrir un troisième mandat au Président Talon. Un soupçon qui d’ailleurs, était bien déjà dans les débats dans ce pays depuis bien longtemps.

Il lui faudra au moins les 4/5 des sièges pour y parvenir, rappelle-t-il.

De même, poursuit-il, si l’opposition parvient à faire le plein de ses cartes, elle peut déjouer les pronostics.

« Si l’opposition a plus que le 1/5 des sièges, les 4/5 dont la majorité pourrait avoir besoin pour modifier la constitution ne seront pas rassemblés. Et la modification peut devenir problématique. La révision pourrait s’avérer compliquée. Mais, si c’est l’opposition qui crée la surprise en rassemblant les 4/5, la prochaine assemblée pourrait être amenée à recorriger, c’est à dire réviser la constitution révisée, aux fins d’un retour à la constitution originelle », a indiqué Ologou.

 

Alphonse LOGO

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