En Guinée, les autorités durcissent les mesures sanitaires pour faire face à une nouvelle flambée de cas de coronavirus. Un pass vaccinal est désormais exigé aux frontières des voyageurs venant de pays où sévit le variant Delta. L’attestation de vaccination sera bientôt étendue à «tout déplacement» en terre guinéenne.
Fermeture des boîtes de nuit, obligation de port du masque et, last but not least, l’instauration d’un pass vaccinal pour les fonctionnaires et des catégories de voyageurs. La Guinée affûte ses armes pour contrer la troisième vague de Covid-19 à laquelle elle est confrontée. L’ensemble de ces décisions a été annoncé le 10 août par le gouvernement guinéen.
«À situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles appliquées avec courage, détermination et la plus grande fermeté», a justifié le Président Alpha Condé dans un communiqué présidentiel.
«Face à la recrudescence des cas, nous sommes bien obligés de prendre des mesures pour sécuriser nos populations», explique à Sputnik Tibou Kamara, ministre d’État à la Présidence et porte-parole du gouvernement.
Abordant plus particulièrement la question du pass vaccinal, le conseiller spécial du Président précise: «Nous sommes partis d’un constat, que beaucoup de ceux qui entrent sur le territoire guinéen, notamment des pays voisins, sont testés positifs au Covid-19. Ils sont ensuite hospitalisés dans le pays et pris en charge par le gouvernement».
Tibou Kamara rassure que cette décision, qui vaut pour les voyageurs venant de pays où sévit le variant Delta du coronavirus, «n’est pas une manière de fermer» les frontières devant les voisins.
En conférence de presse ce 13 août 2021, le coordonnateur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de Guinée (ANSS), la structure en charge de la riposte anti-Covid, le docteur Sakoba Kéïta, a affirmé que depuis le début de la pandémie de Covid-19 «100% des cas importés sont passés par l’aéroport de Conakry». La situation se complique avec de nombreux cas enregistrés sur les deux derniers mois «aux points d’entrée terrestres du territoire guinéen où des tests PCR étaient rendus obligatoires».
«Si l’on doit prendre des mesures, c’est justement à ces niveaux qu’il faut renforcer [le contrôle]. Le ministère de la Santé, au nom du gouvernement, va donc densifier le contrôle au niveau de l’aéroport de Conakry», a indiqué le docteur Sakoba Kéïta.
«Tous ceux qui viennent des pays qui ont des cas de variant Delta doivent présenter une carte vaccinale datant d’au moins deux semaines et un test PCR de moins de 72 heures avant de rentrer sur le territoire guinéen», a-t-il ajouté. Pour les autres voyageurs, la production du test négatif est censée suffire. Toutefois, aucune liste de pays où sévit le variant Delta n’a été établie. Ce qui a fait dire à une source au sein de l’ANSS contactée par Sputnik que le pays s’achemine vers l’exigence du pass vaccinal à tout voyageur foulant son sol.
Vers la généralisation du pass vaccinal
Et cela se vérifie à l’échelle interne. Dès le 1er septembre, le pass vaccinal sera rendu obligatoire pour les forces de sécurité, a affirmé le docteur Sakoba Keïta. L’objectif est aussi de montrer à la population que la mesure «s’applique aux autorités et à l’administration publique en premier».
Par ailleurs, les voyageurs internes se verront bientôt imposer la présentation d’un pass vaccinal.
«Au plus tard le 15 septembre, nous allons imposer le pass vaccinal pour tout déplacement en terre guinéenne. Que ce soit vers l’extérieur ou vers l’intérieur. Même si le voyageur a fait le test PCR, il lui faut aussi avoir la carte vaccinale», a annoncé le docteur Sakoba Kéïta devant les médias à Conakry.
Et pour cause, «le taux de positivité [au virus, ndlr] des gens à forte mobilité est de l’ordre de 10%». Un taux particulièrement élevé d’après lui.
«Si nous voulons contrôler cette maladie, nous devons pouvoir obtenir que des gens qui ont de grandes mobilités puissent se faire vacciner», a-t-il ajouté.
La Guinée fait face à une troisième vague de coronavirus. Sur les deux derniers mois, le pays a enregistré un millier de nouvelles contaminations par semaine. «Le taux de positivité est passé de moins de 2% à 11% ces derniers jours, le nombre de malades isolés, de moins de 100 à 1.035 ces trois dernières semaines. Entre juin et juillet, le nombre de malades en réanimation est passé de 20 à 146, contre un nombre de décès [monté, ndlr] de 10 à 60 pour la même période», selon le communiqué présidentiel du 10 août, cité par Jeune Afrique.
Le taux de couverture vaccinale étant actuellement de l’ordre de 4%, l’objectif du gouvernement est de parvenir à faire vacciner au moins 70% de la population guinéenne pour atteindre une immunité collective. Quelque cinq millions de doses de divers vaccins contre le Covid-19 sont d’ailleurs attendues dans les prochains jours pour la poursuite de la campagne de vaccination, a affirmé pour sa part le docteur Sakoba Kéïta.
Source: Sputnik/ Par Alphonse LOGO