Prof David Dosseh, coordonnateur de Front Citoyen Togo Debout
Prof David Dosseh, porte parole du Front Citoyen Togo Debout

« Le pouvoir togolais (…) empêche tout débat citoyen sur les malversations autour du fond COVID »

Encore une fois, la société civile togolaise, n’a pas pu tenir son meeting prévu le samedi 15 avril dernier à Lomé autour du rapport de la cour des comptes du Togo sur la gestion des fonds COVID.

Tout comme le 1er avril dernier, le préfet du Golfe 4, à de nouveau interdit ce rassemblement. Le comble est que la décision du préfet soutenu par l’administration territoriale au motif que « les organisateurs ne disposent pas de base juridique régulière », n’a été notifié que le 14 avril. Soit la veille de la tenue du meeting. « Ce qui est contraire à la loi », soutient Prof David Dosseh, le coordinateur du Front Citoyen Togo Debout, l’une des organisations de la société civile togolaise qui ont appelé à ce meeting.

L’enseignant chercheur à l’université de Lomé dénonce des arguments ridicules, avancés par le préfet Atabuh Dzinyefa KOSSI, pour interdire à nouveau cette manifestation publique.

« On est particulièrement choqué par le ridicule des arguments avancés par le préfet » a-t-il soutenu sur les antennes de radio France internationale.

On se rappelle que pour la première interdiction, le préfet avait évoqué l’absence de trois signatures sur la demande formulée par les organisateurs. David Dosseh affirme que cette exigence non plus, n’était nulle part prévue dans la loi sur les manifestations.

Saisir la justice sur les arguments du préfet

Les organisateurs de ce meeting n’ont pas voulu faire un passage en force le samedi et ont donc suspendu la manifestation. Mais ils ne comptent pas en rester là.

« Il nous faut aller de l’avant. Nous allons certainement introduire une nouvelle demande » a indiqué par ailleurs Dosseh avant de laisser entendre qu’ils vont saisir la justice pour qu’elle se prononce clairement sur les positions exprimées par le préfet.

Attitudes que le porte parole du Front Citoyen Togo Debout assimile à une démonstration, pas moins du pouvoir togolais « de tout en œuvre pour empêcher le débat citoyen sur cette question fondamentale des malversations mises en évidence dans le rapport d’audit de la cour des comptes du Togo ».

Le rapport de la cour des comptes du Togo

Pour rappel, le rapport de la cour des comptes du Togo sur la gestion des fonds COVID a révélé que plusieurs marchés ont été attribués sans respecter les règles établies et les procédures adéquates.

Au ministère du Commerce par exemple, 31 500 tonnes de riz ont été commandés pour plus de 8,5 milliards de francs CFA sans commande explicite. Pas non plus de document justifiant l’engagement de l’État dans le processus d’acquisition de ce riz.

De même, des commandes pour un total de 4,5 milliards ont été faites gré à gré pour des engrais par le ministère de l’agriculture sans aucune concurrence. Cette cour a également pointé du doigt la gestion par le ministère de l’économie numérique des fonds destinés aux plus démunis.

La cour relève à ce niveau que 800 millions de francs CFA de ces fonds (13 milliards au total) n’ont pas été dépensés. Et ni le ministère de l’Économie numérique, ni les sociétés de téléphonie (Togocom et Moov) engagées dans la distribution de ces fonds, n’ont daigné répondre à ses sollicitations pour en savoir plus.

Enfin, s’agissant des hôtels et auberges qui ont servi à héberger les malades de Covid 19, la cour soutient qu’ils ont été réquisitionnés par des préfets à la place du ministère du Tourisme et parfois oralement.

De plus des virements ont été effectués sur des comptes bancaires personnels, soit des promoteurs d’hôtels membres du comité local de gestion de la riposte, soit sur le compte de gérants d’hôtels ou encore sur des comptes bancaires de structure commerciale n’ayant aucun lien avec l’hôtel.

Natacha Nimon

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