Jean Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a déclaré le mardi à Lomé que la BCEAO envisage d’avoir sa propre monnaie digitale.
Jean Claude Kassi Brou, gouverneur de la BCEAO (C) AFIS

La BCEAO travaille sur sa propre monnaie digitale

Jean Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a déclaré le mardi 29 novembre 2022 à Lomé que la BCEAO envisage d’avoir sa propre monnaie digitale.

« Nous travaillons nous même aujourd’hui sur une monnaie digitale pour venir compléter toute la panoplie de l’utilisation qu’on a déjà de la monnaie électronique dans l’espace mobile Banking », a-t-il indiqué lors de la table ronde de clôture de la deuxième édition de l’African Financial Industry Summit que la capitale togolaise a accueilli les 28 et 29 novembre 2022.

Cette table ronde a porté sur le thème : « Nouvel ordre économique : Comment une réforme systémique mondiale pourrait-elle bénéficier à l’Afrique ? ». Elle a regroupé outre Jean Claude Kassi Brou, Dr Ernest Addison, le gouverneur de la banque centrale du Ghana, Dr Denny Kalyalya, le gouverneur de la banque centrale de Zambie, l’honorable John Rwangombwa, le gouverneur de la banque de Rwanda, et Carlos Lopez, professeur honoraire à l’université de Cape Town.

Jean Claude Kassi Brou a affirmé que « la digitalisation ou les activités de monnaie électronique sont aujourd’hui très importantes dans la région du fait qu’elles permettent une extension des services financiers à une très grande partie des populations ».

« Que ce soit à travers les services d’épargne, les services de payement, les services de transfert, les monnaies électroniques permettent des réductions importantes des coûts des activités, une transparence accrue grâce aux réseaux électroniques (qu’empruntent les systèmes, ndlr). Et je pense que des banques centrales sont fortement engagées dans ce processus. Puisque c’est devenu incontournable et inévitable. Et cela participe d’un de nos objectifs majeurs qui est l’inclusion financière. C’est à dire d’aller au-delà des banques, et toucher des personnes à revenus faible pour une plus grande démocratisation de l’accès aux services financiers. C’est vraiment essentiel », a-t-il expliqué.

Brou a aussi affirmé qu’avec les réformes en cours au niveau de la banque centrale notamment avec les autorisations des monnaies électroniques accordées aux Fintech, le taux d’inclusion financière par rapport à la stratégie d’inclusion financière 2016-2021 adopté par la centrale, « est passé de 45 % à 67 % ».

— Lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent

Mais au fur et à mesure qu’on élargit le champ d’utilisation de tous ces instruments de monnaie électronique, Jean Claude Kassi Brou pense que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour « en assurer une règlementation claire, précise et transparente qui tient compte des facteurs comme la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent ».

« Parce qu’au fur et à mesure qu’on élargit, il y a des personnes mal intentionnées qui se saisissent des canaux comme vecteurs de blanchiment. Il faut donc s’assurer que ces instruments sécurisent les utilisateurs des services financiers électroniques. On doit aussi prendre en compte tout ce qui est lié à la cyber sécurité, et à la cyber criminalité. Donc, parvenir à un système financier actif, prévoyant et réglementé qui joue son rôle » a soutenu le gouverneur de la BCEAO.

— Crypto-monnaie, actifs financiers très risqués ?

S’agissant du grand débat d’actualité sur la fiabilité ou non des crypto-monnaies qu’il préfère appeler des crypto-actifs, Jean Claude Kassi Brou a appelé à « faire une distinction très claire » entre tout ce qui est une monnaie électronique qui porte une contribution directe et propre au paysage et l’ensemble du secteur financier, et les crypto-actifs qui, pour lui, « sont des produits ou des actifs financiers très risqués ».

Il a tenu surtout à avertir : « Si certains les utilisent c’est à leur risque et péril ». Car affirme-t-il, « les crypto-actifs ne sont pas de la monnaie. C’est des actifs financiers avec tout ce qui va avec ».

Mais cette position n’empêche quand même pas la banque de jouer son rôle de régulateur en essayant de voir clair dans ce système financier qui prend de l’ampleur.

« Ce sur quoi nous travaillons, c’est qu’à partir du moment ces crypto-actifs existent dans le paysage, il faut une réglementation qui soit cohérente, objective et qui prenne en compte l’ensemble des risques du secteur des crypto-actifs » a conclu Jean Claude Kassi Brou

Alphonse LOGO (source AA)

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