Le 14 Octobre 2022, à l’auditorium de l’Université de Lomé, a eu lieu, la signature par les différents partenaires sociaux, de la première convention collective des médias privés du Togo.
Le Conseil national des patrons de presses du Togo (CONAPP), l’Union des radios et télévisions libres du Togo (URATEL), l’Organisation des patrons de presses en Ligne (OPPEL), l’Association togolaise des patrons de Presses en Ligne (ATOPEL) ont signé avec les organisations des employés cette convention.
Les organisations des employés des médias privés du Togo en question, sont l’UJIT, l’Union des Journalistes Indépendants du Togo et le SYNJIT, Syndicat National des Journalistes Indépendants du Togo.
La Convention porte 104 articles sur 36 pages avec 4 annexes et fixe désormais le cadre de relations de travail entre patrons et employés dans les médias privés du Togo.
A l’occasion de la signature, c’est Alphonse LOGO, journaliste indépendant togolais, ancien secrétaire Général par intérim du SYNJIT et actuellement conseil de ce syndicat, qui a été le porte parole et le négociateur en chef des employés.
Voici le discours qu’il a prononcé à l’occasion
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Madame & Messieurs Mesdames les Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs, Autorités politiques, administratives, coutumières ou traditionnelles, en vos rangs, grades et qualités, tous protocoles respectés,
Camarades Secrétaires Généraux des Centrales syndicales et Syndicats de base qui nous font l’honneur d’être présents en ce jour historique pour les employés du monde des médias privés au Togo,
Monsieur le facilitateur des négociations et chers amis de la Direction du Travail,
Chers Patrons de presse,
Permettez-moi avant tout de m’acquitter d’un devoir sacré envers mes Camarades syndicalistes ici présents, celui de les saluer avec notre rengaine syndicale habituelle:
Ému de voir que la lutte que nous avons longtemps menée -qui m'à parfois valu des inimitiés- a pu aboutir à cette signature. En attendant son application…
On ne peut pas espérer des journalistes qu'ils soient professionnels si leur revenu est parfois difficilement > au SMIG. 1 https://t.co/1gK09zeyl5
— Maxime Koami DOMEGNI (@MaxGni) October 15, 2022
«Camarades Salut,
Salut Camarades…», Merci !
Mesdames, Messieurs,
Un autre devoir confraternel m’oblige à remercier les Secrétaires Généraux de l’UJIT (l’Union des Journalistes Indépendants du Togo) et du SYNJIT (Syndicat National des Journalistes Indépendants du Togo) qui m’ont fait l’honneur insigne, pour l’Histoire, d’être leur porte-parole, leur négociateur en chef durant les discussions officielles qui aboutissent ce jour à la cérémonie de signature de la Convention collective. Une grande première dans notre corporation.
L’instant solennel m’offre en outre l’occasion de remercier et de féliciter tous les anciens Secrétaires généraux de l’UJIT et du SYNJIT, de même que les membres de leurs différents Bureaux, avec qui nous avons enclenché, voici de nombreuses années, cette revendication autour de la nécessité de négocier une Convention collective dans notre écosystème professionnel.
Le SYNJIT et l’UJIT, conformément à l’une des précieuses Recommandations issues des «Etats généraux de la presse togolaise en 2014», après l’échec de la tentative de négociation collective de 2011 sous la houlette de l’UJIT, ont travaillé collégialement pour déposer sur la table des discussions un Document qui a été relu à maintes reprises, amendé et actualisé.
En acceptant ce jour du 14 octobre 2022 de passer enfin à l’étape de la signature de la Convention collective qui va régir les relations de travail entre les journalistes et techniciens employés dans le secteur privé au Togo et leurs patrons, il est indéniable que nous marquons un important pas, dans le processus de professionnalisation de la presse togolaise.
Nous marquons également notre volonté de commencer par reconnaître, à sa juste valeur, le travail du journaliste et du technicien des médias employés dans ce secteur, de leur offrir un début de couverture sociale, et une retraite. Bref, refaire du journalisme un métier qui nourrit son homme et à même de s’ériger en activité génératrice de revenus sur les moyen et long termes.
''Nous marquons un pas important dans le processus de #professionnalisation du journalisme au Togo''.
Alphonse Logo, porte-parole des travailleurs, lors de la cérémonie de signature de la #conventioncollective des journalistes et professionnels des #médias du Togo🇹🇬 https://t.co/RglOyUB3wk
— Ministère de la Communication et des Médias (@CommunicationTg) October 15, 2022
Oui, Mesdames & Messieurs, chers confrères, consœurs et autres acteurs du monde des médias, l’atteinte de cet objectif était une nécessité. Parce que, autrefois comme vous le savez, on venait dans cette profession par simple passion. On y consacrait sa vie dans la précarité totale, sans coups de gueule et sans véritablement jouir de son métier, comme le disait le penseur Français Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, je le cite: «Je travaille souvent avec passion, mais bien rarement avec plaisir», fin de citation.
Mais désormais, les choses ont évolué. il va sans dire qu’aujourd’hui, des jeunes, frais émoulus de diverses Ecoles de Journalisme, travaillent avec professionnalisme, et attendent d’être bien rémunérés pour vivre dignement de leur métier. Donc loin de la célèbre formule locale selon laquelle «jusqu’ici, le journalisme ne nourrit pas son homme».
Si ailleurs en effet, c’est un métier qui nourrit bien et permet une vie épanouissante, dans mon pays le Togo, il rime encore avec la grande précarité. Quels que soient les niveaux d’étude des journalistes employés dans le privé au Togo, les rémunérations sont jusqu’ici très misérables. Et plus de 80% des salaires gravitent encore autour du SMIG qui est de 35.000 Fcfa.
Madame & Messieurs les Membres du Gouvernement, Chers compatriotes, comment peut-on imaginer que des journalistes au Togo soient actuellement payés à 20.000 FCFA le mois, soit 5.000 FCFA/bouclage, pour la plupart des journaux à périodicité de parutions hebdomadaires ? A l’intérieur du pays, n’en parlons plus. Certains sont même exploités et presque sans salaires.
Caricaturalement, on est d’accord que la situation de ceux qui constituent la principale cheville-ouvrière des médias privés au Togo n’est pas du tout reluisante. Voilà pourquoi, on peut voir certains juniors qui arrivent dans la corporation se promener de reportage en reportage, à longueur de journées, espérant combler la pitance qu’on leur donne au sein de leurs médias qui hésitent encore royalement à se muer en entreprise de presse. Ces centaines de jeunes qui sont employés dans nos médias privés espéraient de tout cœur la signature de cette Convention collective.
''Ce jour marque un tournant décisif dans le mode de gestion des médias et de la carrière des journalistes dans notre pays''.
Arimiyao Tchagnao, président du CONAPP, à la cérémonie de signature de la #conventioncollective des journalistes et professionnels des #médias du Togo🇹🇬 https://t.co/GbL1K54J2L— Ministère de la Communication et des Médias (@CommunicationTg) October 15, 2022
Vous comprendrez alors, Madame et Messieurs les membres du Gouvernement et chers Patrons, pourquoi, après plusieurs années d’attente, les employés ne souhaitaient pas accorder de moratoire pour l’entrée en vigueur du document que nous allons signer dans les prochaines minutes.
Mais, nous sommes parvenus, au nom du charme des discussions citoyennes et confraternelles, à concéder un AN de moratoire, parce que nous comprenons aisément les difficultés structurelles et conjoncturelles que nos responsables de médias privés évoquent face à nos préoccupations.
Toutefois, considérant les difficultés actuelles du quotidien, la vie chère et ses corollaires, je lance, au nom DES EMPLOYES des médias privés de tout le Togo, un appel pressant à nos Patrons. Celui de ne pas attendre la fin du moratoire convenu de commun accord pour améliorer sensiblement les conditions de vie et de travail de leurs employés, ou même appliquer intégralement les termes du document consensuel que nous avons validés collégialement après plusieurs mois d’âpres discussions.
Monsieur le ministre de la Communication et des Médias, Porte-Parole du Gouvernement,
Ces derniers jours, lors des consultations ultimes à votre Cabinet, nous avons entendu un engagement ferme des Patrons dans ce sens. Ils ont affirmé que la Convention sera d’application immédiate si certaines doléances portées à la connaissance du Gouvernement, dans le sens de leur accompagnement pour l’application de cette Convention, trouvent satisfaction. Nous ne doutons pas un seul instant que vos discussions avec eux et avec l’aide de votre collègue de la Fonction publique, du Travail, du travail et de la sécurité sociale, vont vite aboutir au grand bonheur des employés.
Car en effet, Messieurs et Mesdames les membres du Gouvernement, en acceptant d’accompagner la corporation dans les négociations précitées, vous avez renouvelé l’engagement de l’Etat Togolais à se conformer aux normes internationales du Travail. Notamment la Convention 98 de l’OIT (Organisation internationale du Travail) relative au droit d’organisation et de négociation collectives, Convention ratifiée par le Togo depuis le 8 novembre 1983. Il vous revient alors de parachever cet accompagnement en soutenant les différentes parties pour un meilleur respect des accords conclus.
A tous les employés, je veux dire, et j’en ai l’habitude, qu’une Convention collective n’est qu’un document. Sa mise en œuvre relèvera de notre total engagement et détermination à œuvrer pour son application. D’où l’utilité de la consolidation de l’engagement syndical, hic et nunc. Je nous invite dans un premier temps à nous approprier du contenu de cette Convention. Cette appropriation cardinale motivera nos actions dans les jours et mois à venir.
En tout état de cause, nous devons veiller au grain, avec nos actuels patrons de presse ou leurs éventuels successeurs, à la mise en œuvre, étape par étape de ce document. Le moratoire ne veut pas dire qu’on doit attendre un an pour engager l’application de la Convention collective. Nous sommes invités à engager, dès que possible, des discussions conformes à la loi avec les responsables de nos organes, en vue de procéder à une réflexion concertée sur sa mise en œuvre graduelle.
Enfin, au nom des deux Secrétaires généraux du SYNJIT et de l’UJIT, je tiens à nous rappeler, chers Camarades, que la lutte syndicale pour l’amélioration des conditions de Travail et de vie des Journalistes et Techniciens de médias employés dans le privé au Togo ne s’arrête pas à ce jour avec la signature de cette Convention collective. Elle doit plutôt raviver davantage la flamme syndicale. Camarades Salut !
Merci à tous et à toutes pour votre aimable attention.
Fait à Lomé le 14 Octobre 2022
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